Arman Haon, petit-fils d'un Fusillé pour l'exemple./ Photo La Dépêche |
Le désormais ancien secrétaire d'état aux anciens combattants et à la mémoire, Kader Arif, (puisqu'il a démissionné hier du gouvernement) avait un peu déminé le sujet en classant les fusillés en trois catégories : crime de droit, espionnage et désobéissance. 100 ans après, l'opinion est favorable à leur réhabilitation à 75 %. «C'est une cause juste et noble de réparation nécessaire» car ces balles françaises n'ont pas seulement abattu des soldats mais aussi leurs familles qui ont vécu l'opprobre et le déshonneur. C'est l'histoire d'Armand Haon, de Millau, petit-fils de fusillé. Son grand-père a été tué pour abandon de poste (rien d'anormal dans l'enfer de cette boucherie). Sa grand-mère, veuve mais sans pension, a été bannie et en a perdu la raison.
Le jeune fils qu'elle avait, a été placé en orphelinat, puis dans une ferme où il a été abusé. Traumatisé à vie, il fondera une famille mais de nombreuses dépressions le conduiront jusqu'au suicide. Toute sa descendance en a souffert, c'est ce qu'a raconté Armand Haon, la voix cassée par l'émotion. «Des vies ont été détruites et ont perdu leur sens, leur réhabilitation serait un pas pour l'humanité qui est mise en danger en permanence». Il existe le projet d'ériger un monument sur la ligne de front pour rendre hommage à ces fusillés.
Marie-Christine Bessou
La Dépêche du Midi du 22 novembre 2014